Xavier Cayla, il a le temps

 

L'oiseau est entré
sur un doute
pour une vie plus claire.

La fenêtre s'est refermée
sur un malentendu
n'était-ce pas à faire ?

L'oiseau s'est alors affolé
a battu des ailles
s'est attaqué à tous les murs.

Il s'est tant et tant épuisé
en cris et larmes
l'oiseau n'était plus si sur.

Des cloisons et des portes
dures et imperméables
à la liberté et à l'amour.

Les barrières d'une vie morte
vie monochrome
vie de nuit en plein jour.

L'oiseau senti si tristement
la peur et l'impuissance
submerger son cœur et son corps.

L'oiseau se senti si sûrement
seul et piégé
voyant derrière la fenêtre tout cet or.

Ce soleil et cette joie de l'existence
perdu et inaccessible
il se posa sur une chaise, fourbu et fatigué.

Il se senti si loin de son engeance
de ses pairs et de ses fils
il resta sur sa chaise, fourbu et fatigué.
L'oiseau contempla la fenêtre, serin
patient et espérant
la voir un jour s'entrouvrir à nouveau.

Le temps peu parfois être le pire des venins
mais il est l'allié du faible
ces jours où le jour n'offre rien de nouveau.

Le temps est peut-être une chatte.
Aussi doux et tendre
souple, vicieux, maître de son empire.

Imprévisible, seul maître de nos actes
sans écouter nos volontés,
il prendra toujours un malin plaisir à fuir

aux moments ou l'on a besoin de ses transes.
Force et affolement n'y font rien,
il est inutile de le retenir de grès ou de rage.

La résistance n'y fait rien, et si il y a offense,
des ses griffes tranchantes
il nous laboure sans pitié aucune le visage.

Les temps ne se dompte pas mais s'apprivoise,
vous ne prenez pas votre temps,
mais c'est votre temps qui vous prend à vie.

Un oiseau ne peut rien contre un chatte sournoise
sinon la regarder de haut
en espérant qu'elle cesse de s'intéresser à lui.

Et lorsque la fenêtre s'ouvrira à nouveau,
courant d'air ou main distraite,
lorsque les siens le rappelleront enfin à eux

il sera libre, enfin, il sera si libre cet oiseau
vieilli mais assagi
Il déploiera ses ailes rouillées rejoindra les cieux.