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Théorie sur la décadence et le chaos intérieur

Il est minuit, je viens de tout éteindre dans mon petit appartement, de couper net le téléviseur et sa vision du monde, et j'arpente à présent les escaliers bien raides qui mènent jusqu'a la chambre exigüe de la mezzanine.
Les ronronnements sont perceptibles. Je ne parle pas des derniers sursauts de vie, en bas dans la rue, les voitures aux conducteurs méfiants qui s'engagent dans la nuit comme dans un univers de peur, mais plutôt de la machinerie servile qui compose notre quotidien.
Le son constant des infra-basses créait des fantasmagories, on croit y reconnaître les voix dechirées de quelques démons, ou bien peut être juste la voix du souvenir. Le sommeil commence doucement à m'envelopper, tel un linceul de brume, l'anestésiant de l'âme se joue de ma chair.
Quelque part, derrière d'autres mystères de la création, un être intangible, parfait hologramme du moi, attend patiemment le signal.
Prostré depuis des heures, si le jour ou le temps qu'il contient ont pour lui une quelconque importance, il attend enfin que je le réanime.
Je sais que cette période de semi-éveil est propice aux rêves, qui dans leurs sanctuaires attendent d'être trahis. la lumière s'affaîblit à présent, aurai-je la force de tenir avant d'être totalement absorbé.
Le tourbillon se lève, minuscule, presque ridicule au tout début, puis il s'ajoute et il croît, surmultiplié par un étrange coeficient.
Mon corps disloqué par la tumulte ne connaît pas la douleur, je suis dans un rêve et la chair est ma virtualité.
Par de sombres tunnels je voyage et j'entends. les reliques s'animent, la chair des morts cristallisés bientôt s'épaissit et palpite.
Le sang retrouve peu a peu sa couleur, et les cathédrales carbonniques se relèvent, accomplissant d'étranges cabrioles, j'erre à présent dans le gouffre du temps.