Fanfan La Tulipe

Le tiscipline est pas sache
Elle raisonner bas pien.
Le pon fin fait le courache
Et nous craindrons chamais rien
Tant que nous boirons
Larirette
Tant que nous boirons
Larira.
Tant que nous boirons
Nous tiendrons bons
Farilon
Farilon
Farilette
Poira qui voudra
Larirette
Paiera qui pourra
Larira.

Quand ch'ai pu, che suis un tiable
Auprès des jeunes tendrons.
Pufons, le fin rend aimable
Et dans tout temps nous plairons.
Tant que...

Chacun dit que le fieillesse
Vers nous arrive à grands bas.
Mes amis, puvons sans cesse
Et nous ne vieillirons bas.
Tant que...

Fanfan La Tulipe

Comme l'mari d'notre mère
Dois toujours s'app'ler papa.
Je vous dirai que mon père
Un certain jour me happa
Puis me m'nant jusqu'au bas de la rampe
M'dit ces mots, qui m'mir'ent tout sens d'sus d'sous :
"J'te dirai, ma foi,
N'y a plus pour toi
Rien chez nous,
V'là cinq sous,
Et décampe !"

Refrain
En avant Fanfan La Tulipe
Oui, mill' noms d'une pipe
En avant !

Puisqu'il est d'fait qu'un jeune homme
Quand il a cinq sous vaillant
Peut aller d'Paris à Rome
Je partis en sautillant.
L'premier jour, je trottai comme un ange
Mais l' lendemain, j'mourais quasi de faim.
Un r'cruteur passa
Qui m'proposa.
Pas d'orgueil
J' m'en bats l'oeil
Faut que j'mange.

Quand j'entendis la mitraille
Comm' je r'grettais mes foyers !
Mais quand j'vis à la bataille
Marcher nos vieux grenadiers
Un instant, nous sommes toujours ensemble
Ventrebleu ! me dis-je alors tout bas
Allons, mon enfant
Mon p'tit Fanfan
Vite au pas !
Qu'on n' dis'pas
Que tu trembles !

En vrai soldat de la garde
Que les feux étaient cessés
Sans regarder la cocarde
J' tendais la main aux blessés.
D'insulter des homm's vivant encore
Quand j'voyais des lâches se faire un jeu
Ah ! mille ventrebleu !
Quoi ! d'vant moi, morbleu !
J' souffrirais
Qu'un Français
S' déshonore !

Longtemps soldat vaille que vaille
Quoique au devoir toujours soumis
Un' fois hors du champs de bataille
J' n'ai jamais connu d'enn'mis.
Des vaincus la touchante prière
M' fit toujours voler à leur secours.
P't-êtr' que c' que pour eux
J'fais, les malheureux
L' f'ront un jour
A leur tour
Pour ma mère.

A plus d'une gentille friponne
Maintes fois j'ai fait la cour
Mais toujours à la dragonne
C'est vraiment l' chemin l' plus court.
Et j' disais, quand une fille un peu fière
Sur l'honneur se mettait à dada :
"N'tremblons pas pour ça
Car ces vertus-là
Tôt ou tard
Finiss't par
S' laisser faire".

Mon père dans l'infortune
M'app'la pour le protéger.
Si j'avais eu d' la rancune
Quel moment pour me venger !
Mais un franc, un loyal militaire
D' ses parents doit toujours êtr' l'appui.
Si j' n'avais eu que lui
Je s'rais aujourd'hui
Mort de faim
Mais enfin
C'est mon père.

Maintenant je me repose
Sous le chaume hospitalier,
Et j'y cultive la rose
Sans négliger le laurier.
D' mon armur' je détache la rouille.
Si le roi m'app'lait dans les combats
De nos jeunes soldats
En guidant les pas
Je m'écrierais :
"J' suis Français !
Qui touche mouille".