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Les objets, la boîte, le langage : telles paraissent être les icônes autour desquelles Richard FUINEL promène sa fantaisie, sa gravité, ses questions. Puisque l'on met des mots en page, ne pourrait-on mettre en boîte des jeux de mots, et même des jeux de maux ? En ce sens, il faut regarder FUINEL comme un rhétoriqueur. Ses boîtes sont autant de propositions grammaticales sauvages, décalées, déboîtées, autant de lapsus incarnés qui disent une vérité cachée : des maximes en trois dimensions.

Voici donc un moraliste gai qui met en boîte son spectateur et le mène en même temps au coeur des labyrinthes de la langue. Parfois, FUINEL joue le pied de la lettre : les pièces d'un jeu d'échec se retrouvent en péril d'échec, avalées par les cases comme par des sables mouvants ; une cage thoracique est un coeur incarcéré derrière des barreaux. Parfois l'objet et le sujet se confondent ; un stéthoscope ressemble à des trompes de Fallope, l'instrument médical représente ce qu'il a pour objet d'examiner. Entre le mot et la chose, un virus interrogateur travaille sans cesse la représentation. Si la philanthropie s'entend Fil entropie, si le tournevis peut se lire Tournevices, c'est que le langage rêve. L'artiste éveillé est là pour en capter les ondes tel un téléscripteur du songe.

A travers ces pages, chaque fenêtre est une question. Mettre en boîte, c'est se moquer gentiment. Mais c'est aussi archiver, préserver, constituer un album. Chez FUINEL, les objets trouvent leur place dans un herbier du langage. Toutes les espèces, toutes les fragrances de mots s'y retrouvent hybridées, radiographiées, scannées. Tournez ces pages, et vous trouverez des mots-valises, des paraboles, des allégories, des métaphores, des calligrammes, mis en volume avec un troublant sens de l'espace : la langue y prend forme comme une mystérieuse concrétion de corail. L'image peut construire le mot ? Quels sont les rapports entre un titre et une figure ? L'énigme du verbe peut-elle s'incarner ? Toute figure de style est-elle univoque ? Selon les angles, voyez ainsi comment une tautologie peut être ironique (Magritte avait peint une pipe en légendant : Ceci n'est pas une pipe, FUINEL présente la même pipe et corrige : Ceci est une pipe), ou devenir auto-destructrice (des briquets, en brûlant, ce calcinent eux-mêmes). Et surtout, est-on sûr de ce que l'on dit quand on veut le dire ? Il y a dans certaines boîtes un effet de décalage, de fendillement - un objet sorti du champ, une glace brisée - qui indique l'extériorité du sens, le mystère de l'absence au coeur de la présence, de la présence au coeur de l'absence. Si la terre est une balle de golf, qui tient le club ? Si l'on tourne la poignée de porte sertie dans le cadre, que trouvera-t-on derrière ?

L'art de Richard FUINEL évoque parfois le cinéma muet : une image, des panneaux-légendes, une histoire courte. Mais c'est la silhouette des personnages de Kafka qui se glisse à l'ombre de la caméra. On y sent de la tendresse, des étonnements, de la réflexion - c'est un art interloqué et profond comme l'humour. On devine un homme derrière ces masques. Il en dénoue les lacets pour dire, en présence des autres hommes, ce que fut ce que sera son passage. Sa signature est désormais reconnaissable. Il fait de la métaphysique avec ses mains. Il regarde et fait regarder les mots comme des formes, les forment comme des mots. En entrant dans ce recueil, vous allez découvrir une belle histoire d'amour avec le monde.

Marc LAMBRON

 

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