Jean-Michel Cierniewski

17, rue Patel - 69009 Lyon
04 78 36 06 69

Il suffit d'avoir longtemps marché
par Jean-Yves LOUDE

Le sage, le peintre et le samouraï
En définitive, tout est simple. Il suffit d'avoir longtemps marché.
Au bord du chemin, un vieil homme est assis sur un banc, entre les rives du ciel et celles du fleuve, et tout son être rayonne d'un rire silencieux. Un cavalier vient de le quitter, son armure lacérée par la poussière de mille routes. Le samouraï lui a demandé la direction des armées en guerre, parce que, précisa-t-il, il allait changer le monde. Le vieillard, à la barbe fine comme née d'un pinceau japonais, lui a indiqué l'orient ou l'occident, des directions sans importance. Et puis, sortant de siècles d'immobilité, du bout de son bâton, il a déplacé un caillou blanc, à ses pieds, et s'est exclamé dans la plus totale des solitudes : "le monde est changé !" Le rire traverse ses yeux longtemps encore. Il faut savoir bien rire, comme il faut savoir être bien assis quand les circonstances commandent de s'asseoir.
Jean-Michel Cierniewski affirme ne jamais rêver que d'espace et d'Orient.
Dans mes rêves, je suis un vieil homme assis sur un banc au bord d'une route. Il y a la rivière, la montagne, le sable, un peu de ciel...

Le peintre, en état de veille, penché au bord de sa toile, peint la rivière, la montagne, le sable, un peu de ciel. Depuis longtemps, le cavalier qu'il a pu être ne passe plus, mais le peintre, lui, déplace des rochers, toile après toile, et toute la montagne bouge, et la pensée creuse son cours.
En définitive, tout est simple. Il suffit d'avoir longtemps marché.
Jean-Michel Cierniewski, a parcouru et tracé des ciels sereins et des déserts encombrés de signes, des étendues de silences et des orages cosmiques sans tonnerre ; il a traversé des portes, emprunté toutes sortes de passages vers la même lueur d'espoir ; il a écarté des voiles nébuleux ; il s'est séparé du vent de l'urgence ; puis il s'est posé, le temps d'une longue étape de création, devant un paysage de montagne et d'eau, immobile, résultat de tous les tumultes antérieurs, témoin de tous les futurs possibles. Et Jean-Michel Cierniewski, le peintre, a ri parce qu'il avait désormais le temps d'attendre, partagé entre un sentiment d'éternité et la velléité contradictoire d'explorer l'infini, une parcelle d'infini.

 

Les oeuvres
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